Avec une reconversion professionnelle, on s'affine, on se détermine, on se précise, on s'initie à nouveau.
Après plus de 25 ans d'expériences diverses dans l'univers du droit, j'ai choisi de me former à la posture de coach professionnel.
Passer du droit à l'humain : quelle cohérence ?
Avec un peu de mauvaise foi🤭, on peut voir bien des divergences entre ces deux mondes:
↪ Justice versus justesse, comme essence des missions de chacun (ce qui n’empêche pas le juriste d’agir avec justesse et le coach d’avoir le sens de la justice !)
↪ Droits & devoirs versus autonomie & responsabilité
↪ Normes impératives versus liberté du client
↪ Devoir de conseil versus devoir de ne pas conseiller
↪ Science de l’argumentation versus science du questionnement
etc…
Mais alors, au risque de me répéter : comment faire le lien entre juriste et coach, donner du sens et mettre en valeur une évolution de carrière dans toute sa singularité, son unicité et son évolution protéiforme ?
En réalité, tout est pertinent, tout se cumule et se multiplie.
Juriste et coach : ce sont deux de mes identités, professionnelles, qui se nourrissent l’une l’autre. Je serai juriste toute ma vie, comme j’ai eu une appétence à la compréhension de l’humain et à la quête de sens depuis toujours.
Rien n’est un hasard ni un malentendu, chaque choix de nouvelle orientation professionnelle porte en lui la richesse acquise de l’expérience du ou des précédents.
D'ailleurs, à y regarder de plus près, nombreuses sont les affinités entre les deux mondes. Pour n'en citer que quelques-uns :
🤝L’humain, la relation, bien sûr : comme les coachs, les avocats, les notaires, les juristes-conseil, les professeurs de droit, les magistrats, tous se confrontent à l’humain. Cœur de métier ou pas, l’humain en est toujours une composante essentielle.
✅L’orientation "solution" : le coach en accompagnant le client à atteindre un résultat avec ses propres moyens ; le juriste, l'avocat ou notaire en conseillant, le juge en instruisant, pour ne prendre que ces illustrations, le but étant toujours d’atteindre un résultat.
🚦 Le respect de la déontologie professionnelle : le coach qui se réclame d’ICF est tenu au strict respect de la charte déontologique redéfinie en 2019 ; les professionnels du droit se soumettent chacun à leur propre déontologie.
📚 L’importance des mots, du vocabulaire adapté et ajusté : on ne peut pas se permettre de confondre "annulation" et "résiliation" en droit ; tout comme il est passionnant de connaitre et partager la subtile et essentielle nuance entre "imparfait" et "perfectible".
🎨 La créativité, singulière et respective : les professionnels du droit sont créatifs et innovants pour articuler les normes à un cas d’espèce ; les coachs pour orienter leur questionnement et adapter leurs outils à la personnalité et au contexte du client.
🔑 L'obligation de moyens : chacun s'engage à mettre en œuvre tous les moyens possibles pour arriver à un résultat.
👩🎓 Une dernière illustration en forme de clin d’œil aux (ex-)étudiants en droit : le commentaire d’arrêt exige une traduction des faits en une problématique juridique, comme la mission du coach débute par une traduction du contexte décrit par le client en demande (cf. le fameux RPBDC de Vincent Lenhardt, précieux outil pour cerner les contours d'un coaching).
Bien sûr, cette mise en perspective n’est qu’un petit jeu intellectuel sur les mots et théories pour les mettre en service de mon intention : faire le lien entre les deux métiers.
Le coaching au service du monde juridique : remettre l'humain au cœur du système
Sans être prescripteur de solution, campé dans sa posture qui n'en est pas moins engagée et engageante, le coach expert du monde juridique a une approche fine et pertinente des problématiques et défis auxquels font face les professionnels du droit.
Le coach est à l'œuvre pour accompagner, soutenir, guider des professionnels soumis à pression et confrontés, entre autres :
▶ à des exigences de rentabilité qui ne sont pas enseignées à l’université,
▶ à des formations souvent peu adaptées au monde du travail,
▶ à des enjeux de pouvoirs (par exemple liés aux différences de statuts au sein d’un cabinet d’avocat),
▶ à des injonctions contradictoires (notamment liées à l’inaccessible étoile d’un idéal de justice qui anime celui qui s’engage dans des études de droit),
▶ à une place des femmes pas toujours valorisée (en matière de mixité, dit Christine Lagarde, « il y a énormément de chemin à parcourir et particulièrement dans certains secteurs : la finance, le droit » cf. podcast France Inter « Femmes puissantes » de Léa Salamé avec Christine Lagarde, 26.12.2020)
▶ à une certaine ignorance, voire mépris, des softs skills, ces compétences humaines et relationnelles qu'il est urgent de promouvoir au sein des entreprises.
En bref…
L'enjeu est de taille : Coacher, soutenir, accompagner les professionnels du droit est une nécessité et une gageure.
Pour relever ce défi, connaître les contextes spécifiques de ces métiers, leur langage, leurs formations, leurs modes de pensée et d'organisation, est une ressource essentielle pour le coach professionnel.
Hortense Fabre
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