Pour paraphraser un célèbre slogan du XXème siècle, le coaching ne marche que si l’on s’en sert !
En d'autres termes, le client est libre et responsable des effets qu’il choisit de donner à son coaching.
En apparence banale, cette assertion est selon moi le terreau indispensable à la fertilité de cette relation bien spécifique qu'est le coaching professionnel.
Pour autant, cela ne doit jamais être un alibi pour le coach pour justifier ses manquements… Car la liberté du coach a comme limite sa responsabilité inhérente à son obligation de moyens.
Chacun est le libre arbitre de soi-même dans le coaching. Nier cela revient pour le coach à trahir la confiance du client et pour le client à se décevoir lui-même.
La liberté, fil rouge du processus de coaching
La liberté n’est pas « le droit d’errer dans le vide » (1). En lien avec le coaching, elle en est le fondement même et la condition de sa puissance :
> au tout début du coaching, car comme dans tout lien contractuel, les protagonistes sont libres de se choisir… ou pas ! S’ils s’engagent ensemble, chaque clause du contrat est librement consentie et doit être respectée ;
> au cœur du coaching, la liberté des protagonistes se déploie à chaque instant dans l’ici et maintenant de leur rencontre ;
> en fin de processus, chacun est libre de rompre prématurément leur relation, sous réserve du respect des droits et obligations de chacun et – si possible – d’une séance de clôture.
Le coach est libre… mais en liberté conditionnelle et surveillée !
Le coach, notamment s’il est certifié ICF (International Coaching Federation), est certes libre mais s’engage à exercer sa pratique sous condition du respect d’un Référentiel de 8 compétences internationalement reconnues par la plus grande fédération de coaching au monde.
Le coach ICF auto-évalue en permanence sa pratique et se fait évaluer régulièrement (en supervision) sur chacune de ces compétences.
Leur respect est certes un cadre contraignant, mais également libérateur du plein exercice du coaching. Ainsi, le coach s’accepte « non libre » de coacher sans contrat préalable : il se contraint à fixer avec son client un accord clair et explicite sur les conditions,
le processus, l’objectif, les indicateurs et l’enjeu du coaching global et de chaque séance. Ce faisant, il se rend libre par la suite de déployer toutes ses stratégies pour aider le client à atteindre son but.
Car bien sûr, le coach est libre de choisir le style de sa pratique et d’épanouir son activité en harmonie avec ses valeurs et compétences. Mais s’il se réclame d’ICF, sa liberté ne s’arrête pas qu’au respect de sa propre éthique.
En effet, le coach certifié ICF est surveillé par les instances de certification, avec de strictes exigences en termes de qualité et de quantité de pratique.
Chaque coach, en outre, s’engage à surveiller le comportement de ses pairs et à soulever tout problème identifié avec l’un d’entre eux, auprès de celui-ci ou auprès des autorités ICF.
Libre et donc responsable, le coach a tout intérêt à rappeler au client qu’il est lui-même libre, et donc responsable
La liberté du client est primordiale car elle est le ferment de sa responsabilité et donc la garantie de ses effets.
Précisons toutefois que le client voit sa liberté limitée par l’exigence de respect du cadre contractuel du coaching (horaires, paiement…). Cette nuance formelle étant rappelée, un principe demeure fondamental : Le coach est conscient et respectueux de la liberté de son client. Il ne le conseille pas, ne le contredit pas, n’est pas prescripteur d’une solution qui lui paraîtrait meilleure.
Il reconnait que le client est, comme tout humain, « condamné à être libre »(2) et donc seul responsable de lui-même. L’expression de sa liberté peut se mesurer à l’aune de multiples procédés de coaching. Pour n'en citer qu'un, le client est toujours libre de se créer sa propre « carte du monde », qui n’est pas le territoire(3) : la réalité n’existe qu’au travers du filtre du cadre de référence du client, sur lequel le coach n’a aucune prise ni jugement.
Le client est inconditionnellement libre du degré de d'efficience qu’il donne à son coaching. Autrement dit, le coaching produit des effets au prorata de la volonté et de la capacité du coaché à lui faire porter ses fruits. Le coaching se heurte à la liberté du sujet pensant. Libre de rendre son coaching opérant, le coaché est tout aussi souverain dans son choix de ne pas, ou peu, se mettre en mouvement.
Le coach est tenu à une obligation de moyens, et à ce titre il ne peut empiéter sur la liberté du client de ne pas se sentir capable ou d’être discrètement réticent à avancer vers son objectif. Comme le dit le poète, « le chemin se fait en marchant » (4) : le coach ne peut pas marcher à la place du client ni lui dire comment marcher.
Le client est libre, par exemple, de progresser en homéostasie ou de se faire vivre un changement identitaire profond. Le coach se doit d’accepter, sans juger, sans hiérarchiser, le choix et les non-choix – qui sont aussi des choix – du coaché de se choisir en léger changement ou en transformation profonde.
Pour finir…
Concept éminemment protéiforme, dont les débats de l'actualité récente s'emparent d'ailleurs avec plus ou moins de pertinence et de subtilité, la liberté revêt en coaching une dimension essentielle pour toutes les raisons sus-évoquées, et notamment pour le coaché.
Le coach doit avoir conscience que cette liberté du client est toujours un choix individuel, personnel, intime pourrait-on dire : le choix de s'engager, de se limiter, de douter, d'oser, de prendre des risques. Ou de ne pas en prendre. De franchir des obstacles, ou de les contourner.
Peu importe sa décision, le client est roi ! C’est parce qu’il est pleinement créateur de sa solution que le client en coaching s’offre toutes les chances de la mettre en œuvre.
Quitte à devoir s’accepter surprenant, ou décevant, ou inattendu, ou critiquable… aux yeux du monde, de son cercle relationnel ou même supposément du coach. Car tel est le corollaire de la liberté de choix du client.
Le coût de sa liberté serait donc d'assumer « de ne pas plaire à tout le monde », à son patron, à ses salariés, à ses proches.
Mais ne serait-ce finalement pas à ce prix que le coaching produirait ses effets les plus puissants ?
Hortense Fabre
*Article écrit en vue de publication dans le Dictionnaire ICF du coaching professionnel
(1) Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle
(2) Jean-Paul Sartre, L’être et le néant
(3) En référence à la célèbre citation : « La carte n’est pas le territoire » (Alfred Korzybski) : la carte n’étant que la représentation du monde que chacun se fait, non pas le monde lui-même.
(4) Antonio Machado
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